Ecriture en live

Le 16 mars 2024, dans le cadre d’une performance artistique, en hommage à Michel Charpentier (1927-2023).

Printemps des poètes 2024 sur le thème de « La Grâce ».

A l’initiative de l’association Pact en Vexin et des Editions Envolémoi.

Le bois enfiguré

Agrippés dans le lierre

Les yeux évadés du primat végétal

Nous retiennent

De l’enfance

S’origine une bouche suave

Avide de caresser

Et dévorer le monde

Plus loin

Sous un tapis de pousses

Le temps s’est décimé

En couches sédimentées

D’un lendemain fertil

Surnagent des corps éruptés

Cocons lacunaires

En attente d’éclosion

Entre les feuillages

Les regards indomptés

Cherchent l’essence

De la germination

Les figures de pierre

Créent la matière

Le discernement d’ombres

Où riccoche la lumière

A l’intérieur

Des pierres endormies

Balbutie l’abîme

Sara ANTOINE

sarant@wanadoo.fr

La grâce de la Grèce

La grâce de la graisse

Antique, mythique

Déformée, déstabilisée ?

Par la décadence

Du nouveau monde

De quelle République

Pour quel public

Averti

Réduit

Par l’absence de la culture

Des repères

Sans regard vers un retour,

En arrière

Vers un futur

Plein de grâce

De l’harmonie

Suivant des traces

De la mythologie

Grecque,

L’amour de la nature

Et de la fête

Le voyage

Les rebondissements, les cris de la joie

Les hurlements des vents

La narration des voix

Déchainées

Au nom de Zeus

Pallas Athéna

Quelle muse

Animait l’artiste

Le sculpteur des corps

Où l’humanité

N’est pas loin des porcs

Des animaux

Animés

Dans un vrai bestiaire

De frivolité

De l’insouciance

Même s’il y avait l’odeur rancie de la guerre dans l’ère

Du temps d’autrefois

Où la vie

Était remplie de la grâce

De la bénédiction des dieux

Et déesses

Qui sonnaient leur accord

Avec noblesse

Pour aider des peuples en bas

Trouver leur bonheur, défricher leurs voies

Vers le futur, faisant marche arrière

Ecoutant les voix

Qui faisaient trembler la terre

Avec la matière

Vivante

Comme modèle

Le sculpteur des desseins

Façonne l’homme ou la femme

À partir de l’argile

Ou du ciment

Mélangé avec de l’eau

Et du sable

Pour représenter sa pensée

Avec ses mains

Qui sculpte son dessein

Retouche ses formes

Car avec le temps

Il y a un changement de bornes,

De normes

De styles et contextes

Qui nécessite

Un renouvellement des textes

Et sous-textes

Gravés dans le marbre

Le ciment

Avec un coup

De glaive

Ou d’un calice

Pour symboliser le partage, avant le supplice

Quand l’oreille tombe

Devant la stupéfaction

D’un nouveau monde

Rempli de la grâce

De la joie

Dans l’instant qui s’efface

Avec de la matière

Populaire,

Polluante, corrosive, peu chaire

Comme le ciment

Omniprésent

Dans la construction de notre ère

Industrialisé

Mécanisé

Ou l’homme est devenu marchand

Une source de richesse

Qui vagabonde

Cherche son bonheur

Sur les routes et les chutes des voies navigables de la terre

Mère

Pour transmettre quel amour

Aux habitants éphémères

Trace les desseins du sculpteur

Pour modeler notre ère ?

Illustrer nos formes, nos dieux et déesses

Nos points d’orgues, nos bassesses, nos avilissements, nos vulgarités

Erotiques

Où éros

Les héros

Sont plus que mythiques, mystiques

Christopher Brook

chrisbrook@hotmail.fr

Mélancolie minérale

La bouche en œuf, en fleurs de dents de lait, le lait de la belle ou de la laide

c’est selon.

Elles regardent, elles badent, un trou du séant ou du néant, un trou, deux trous, des trous, des yeux peut-être…

Elles en ont les bras qui tombent, ce qu’elles voient là-haut ce qu’elles voient !

ce qu’elles digèrent dans leur trou d’amour, leur trou de bile, leur trou de

salive, et ça plisse et ça pisse d’indolence

Touchez, touchez, c’est permis ! c’est vivant, ça vibre

Touchez vite avant que ne s’épanche le liquide nourricier, l’humus, le calcaire,

la poudre de fougère, le cacas de lait des oiseaux, elles plantent là, elles sentinellent, sentent l’aile des hirondelles, elles s’épanchent, murissent, elles

déversent leurs rondeurs flasques et mièvres

Touchez, touchez, c’est vivant ! ça vibre, et ça compte, ça fait l’inventaire, un

rosaire du regret, un geais, une pies, une buse, des étourneaux, deux

machaons, des scarabées,

Touchez tant qu’il y en a…

Oh, leur chant enfoncé dans la gorge ! leur gorge de sain doux, des seins doux,

c’est selon, elles font quelques malices, elles paradent au jardin, l’air de rien,

oh, ce qu’elles voient là-haut et que l’on ne voit plus ici-bas ! Satie, satine, des

gymnopédies pour genoux de mélasse, d’humus, minérale mélancolie pour

quelques ancolies, jolies.

Mireille JAUME

mjaume070@gmail.com

https://www.zigzag-arts-adaptes.com/

https://balbutio.jimdofree.com/

Il y a le corps

Il y a le corps

Toujours et encore

Dans un premier accord

Un corps à nous

Un dialogue sans effort

Nu en nature, en décor,

Où le silence s’imprime

Il y a les corps

Toujours et encore

Dans leurs ultimes ressorts

Un corps à vous

Qui s’étire à bâbord

Une matière sans remord

Où notre regard s’intime

Il y a les corps

Qui racontent

Toujours et encore

Je les attends

Je les entends

Depuis si longtemps

Et jusqu’à la métaphore

V. Gabralga

Philippe Raimbault

Alias V. Gabralga

Praimbault95@gmail.com

Cachées dans les Bois

I

Comme la biche prudente

Je me dérobe à vos regards

Je vous attends

De minuscules brindilles frissonnent

Agitées par le vent

J’entends vos pas

Glissant sur les feuilles

Amis visiteurs, trouvez-moi avant ce soir

Car plus tard

Sans pitié

Je vous emporterai au fond des bois

Pour vous livrer à la fille du Seigneur du Vent

II

Je suis la fille du Seigneur du vent

Figée dans la pierre

J’attends mes amants

Sur la mousse douce de la clairière

Gisent leurs corps sanglants

Mon père m’a fait cette promesse

Je serai délivrée dans cent ans

Les papillons blancs caressent

Délicatement ma peau de pierre

Sous les rayons du soleil

Ils sont resplendissants

Comme mes prétendants

Ils m’aiment joyeusement

Durant un bref instant

III

Je suis le Passeur du temps

Sur mon cheval, dressé dans la pierre,

Je garde la porte du royaume, silencieusement

Mais

J’entends le sifflement des vers de terre

Infiniment petits et infiniment grands

Qui digèrent le corps de ses amants

J’entends le bruissement de l’herbe

Sous ton pas effrayé

Promeneur, détourne tes regards

Eloigne toi, si jamais il est encore temps

IV

Nous sommes les combattantes de son armée de pierre

Autrefois bien vivantes et des ombres maintenant

Aussi prends garde de nous rencontrer dans ces bois

Immobiles et pourtant puissantes

Nous voudrions t’emporter et te conduire au Néant

V

Passant, nous t’avions prié d’éviter ce chemin

Il est trop tard maintenant

Corinne VIRET

Site Internet : https://sites.google.com/view/siteartistiquedecorinne/accueil

Facebook : https://www.facebook.com/profile.php?id=100011895136656

Femme


Femme

           ôte sa robe

           suspend son geste

                                         éternellement

Femme

           s’allonge parmi les lierres

           pose esquissée

                                    définitivement

Femme

           offre sa chair de ciment

           marche en avant

                                      évidemment

Femme

           se déhanche

           et attend

                            longtemps

Femme

           regarde sans regarder

           d’un air étonné

                                  le temps passé

et l’escargot

                  homme ou femme ?

                  ou les deux

                                  éperdument.

Cécile Luquet

On peut me retrouver sur Facebook, Plume du Papillon.

plumedupapillon@gmail.com

La Vie

La vie reçue, la vie donnée

La Femme, Vénus double, Spirale, Cantatrice, République, avec le cerf ou l’escargot, dans la nature, au jardin ou en parade…

Elles sont là, belles, rondes, voluptueuses

Sensualité, Erotisme, Liberté

Elles sont TOUT cela

Nous rentrons dans leur intimité

La Vie exulte sous les plis, les ventres s’arrondissent

La Vie est là

Exaltation des formes pleines

J’entends le doux murmure de la Beauté

J’entends dans le geste de l’artiste un cri de liberté

Amour, Beauté, Liberté

J’entends que la vie est belle, malgré tout

Merci

La Vie reçue, la vie donnée

Encore et encore, malgré tout

Anne Giret

anne.costes@cegetel.net

A la jonction du monde

A la jonction du monde

Il y a

Le peuple premier

A l’origine de la ronde

Un cœur sacré

Au fil des secondes

L’éternité

Notre éternité

Posée au bord de l’univers

Comme une perle de joie

Lovée dans l’âme de notre Terre

Entre émerveillement et effroi

A chaque pensée qui s’effondre

Renaissent la Vie et nos émois

A chaque caresse profonde

Jaillissent nos amours qui se noient

Créer, mourir, crier, partir

Embrasser la chair de nos délires

Et puis sourire

Aimer, haïr, chanter, souffrir

Délaisser le meilleur et le pire

Enfin s’ouvrir

A la jonction du monde

Il y a

L’infini qui trépasse

A l’origine de la ronde

Nos peurs fugaces

Au fil des secondes

La grâce

Notre grâce

Sylvie Cabioc’h

sylvie.cabioch@wanadoo.fr
https://www.facebook.com/cabioch.sylvie

J’ai découvert un grand jardin

J’ai découvert un grand jardin

Niché au cœur de Valmondois

Un peu broussaille, un peu pagaille

Libre et sauvage tel ce grand bois

Là-bas près de Vallangoujard

Je vais m’y perdre à la rencontre

De tout un peuple fantastique,

Cœurs battants de subtile alchimie,

Bêtes ou hommes, êtres vibrants

Sous la rudesse du ciment

C’est la finesse de la vie…

tout simplement

Là, des cavaliers, dignes et droits

S’arriment à des chevaux fantasques

Qui sanctifient le ciel de joyeuses ruades.

Là, un grand cerf pacifie l’espace

Où médite une femme

Et des femmes, des femmes, fortes et si vivantes

Se marient au grand Tout de la nature heureuse

Un peu broussaille, un peu pagaille

Comme la vie tout simplement

Et celle qui va renaître, bientôt sous les ombrages

D’une autre femme au ventre rebondi

Dans la pure rusticité d’une œuvre de ciment.

Mais là, sous la feuillée, à peine entr’aperçu

Un visage de femme, simple et nue,

À la fois rude et fine, dont les yeux, grand fermés,

Cachent l’extase du sculpteur

Qui ne l’a pas abandonnée.

Sous son front calme et lisse

Naissent les mots d’une prière,

Juste une action de grâce

Et sa bouche frémit,

Ode à la vie………………tout simplement.

Hélène Buscail

helenebuscail483@gmail.com

Chimères

Je les vois, à vif

Les bouches, des bouches

 O O O, Ouvert, Orée, Ogive, Orage,

 Ô prières, qui n’ont pas besoin de mots.

Hurlantes, Ouvrantes.

Au jardin dans la nuit, je les entends entre le lierre

Se frotter, se froisser, s’affoler,

Les chimères.

J’ai peur.

Elles me hantent, les chimères

Leurs bouches d’O, d’eau qui coule au loin

 Ravine, Babine.

Me hantent : je suis leur voisine.

Passer devant la clôture la nuit

Voir leur courbure, la nuit.

Me regardent en coin, me murmurent :

La fin de notre monde, enfin arrive.

Et elles vont vivre elles, oh oui !

Bouches ouvertes, elles sont de retour,

Chantant le nouveau temps mythique, la naissance des hybrides.

Oui vivantes, plus que vivantes !

Dans la forêt chimérique, métastable, métamorphique,

Elles se prennent, s’éprennent, s’étreignent, se mêlent

 Tas de ciment,

 Végétal Minéral Animal

Elles se coulent, dégoulinent.

Je suis elles.

Je suis glaise, tas de terre, sac de sable

Je comprends la nuit leur éclat blanc qui m’attire.

Elles sont moi,

Femmes, oui, des Grâces

 Par trois :

  Un, horizon grand ouvert

  Deux, jeu tactile

  Trois, pointe vive

Elles et je dans le noir.

Je n’ai plus peur alors, je vis je veux

Me joindre à leur danse.

Moi-passagère,

Devenir-chimère.

Marie-Emilie Porrone

meporrone@gmail.com

Instagram / @ecriredelamaingauche

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